Parfum d’éternité

Vase canope en calcaire de la noble égyptienne Senetnaÿ (vers 1450 avant notre ère) exposée au Musée August Kestner à Hanovre. © Museum August Kestner, Hannover; Photo: Christian Tepper

Carole Calvez, parfumeuse installée dans son studio de design olfactif Iris & Morphée (http://iris-morphee.fr/), s’attaque à des projets olfactifs artistiques, culturels ou éducatifs. Elle intervient dans la scénographie d’exposition, la muséographie, l’évènementiel, la médiation culturelle et le design. Ses compétences et sa curiosité l’ont amenée à collaborer avec un groupe de scientifiques pour reconstituer le parfum de l’éternité, la fragrance d’un onguent d’embaumement égyptien datant de 3500 ans.

La préservation du corps et des organes du défunt, était un élément central du processus de momification égyptienne. Tout récemment, un consortium européo-australien a analysé par les techniques les plus pointues des baumes de momification (https://www.shh.mpg.de/2354412/scent-of-eternity). Ils proviennent d’urnes excavées il y a plus d’un siècle de la tombe KV42 de la vallée des rois par le fameux égyptologue Howard Carter. Maintenant vides, ces urnes contenaient autrefois les organes momifiés de la noble dame Senetnay (datant de la 18ème dynastie, env. 1450 av. J.-C.), qui fut la nourrice du futur pharaon Amenhotep II. Les chercheurs ont gratté les résidus du baume sur les parois de l’urne. L’analyse a révélé de la cire d’abeille, de l’huile végétale, des graisses, du bitume, de la résine de pinacées, une substance balsamique et de la résine de pistachier. La présence de pistachier révèle un commerce déjà lointain et précoce avec l’Asie du Sud-Est. Ce travail s’inscrit dans une tendance actuelle de l’archéologie pour retrouver les ambiances sensorielles du passé. C’est aussi solliciter directement la multi-sensorialité des visiteurs des expositions sur l’Egypte ancienne, pour les sortir de la froide contemplation d’objets inertes.

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