Odorat et Covid-19


Au cours de l’année 2020, les perturbations de l’odorat sont apparues comme étant un symptôme fréquent, précoce et caractéristique de la maladie COVID-19. 

Caractérisation du déficit olfactif lié à la COVID-19

Plusieurs travaux, dont une étude internationale menée par le GCCR (Global Consortium for Chemosensory Research, créé en début de pandémie et regroupant plus de 600 chercheurs dans plus de 50 pays), permettent aujourd’hui de mieux connaître les caractéristiques des troubles olfactifs liés à la COVID-19. L’apparition est en général brutale, et l’anosmie (perte totale de l’odorat) est plus fréquente que les altérations moins sévères (hyposmie ou diminution des capacités olfactives). Les troubles olfactifs sont très souvent associés à des troubles des sensations gustatives, mais rarement à une obstruction nasale. Si une partie des patients retrouvent leur odorat en 1 à 2 semaines, la récupération s’avère beaucoup plus longue pour certains (plusieurs mois). 

Mécanismes en jeu dans le déficit olfactif lié à la COVID-19

Les mécanismes impliqués dans la survenue de la perte olfactive chez les personnes infectées sont à l’heure actuelle toujours discutés. Plusieurs hypothèses sont à l’étude. Tout d’abord, l’odorat pourrait être perturbé par un accès des molécules odorantes à la muqueuse olfactive rendu difficile à cause de l’inflammation. Cette obstruction de la fente olfactive n’est pas nécessairement accompagnée d’une sensation de nez bouché, ni de nez qui coule. Une autre hypothèse serait que les neurones sensoriels (ceux qui lient les odorants), qui a priori n’ont pas la capacité à être infectés, pourraient avoir leur activité inhibée par l’inflammation et/ou à cause de l’infection des cellules de soutient qui les entourent. Les cellules basales (souches), responsables du remplacement des neurones olfactifs, pouvant elles aussi être infectées, cela pourrait entraîner un déficit du renouvellement et augmenter le délai de récupération de l’odorat. Enfin, le SARS-CoV-2 pourrait comme d’autres coronavirus avoir des propriétés neuro-invasives. Cette question est toujours débattue. On peut aussi imaginer que différents mécanismes soient mis en œuvre d’un individu à l’autre, expliquant peut-être pourquoi les troubles olfactifs disparaissent très rapidement chez certains patients tandis que d’autres semblent tarder à récupérer leur odorat.

Possibles conséquences du déficit olfactif lié à la COVID-19

Les troubles olfactifs peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique. Les patients ayant un odorat altéré sont notamment plus susceptibles de subir des accidents domestiques (difficulté pour détecter les odeurs de feu, de gaz ou d’aliments avariés). Des sentiments d’insécurité liés à l’incapacité de surveiller sa propre odeur corporelle sont rapportés (sueur, haleine). Des problèmes dans le domaine de l’alimentation et de la nutrition sont également souvent observés. Par conséquent, des difficultés dans la vie sociale, et donc une tendance à l’isolement, sont souvent rapportées par des personnes ayant une altération de l’odorat et près d’un tiers d’entre elles présentent des symptômes de dépression. 

Si vous voulez plus d’information, n’hésitez pas à vous rendre sur l’article original publié par Camille Ferdenzi et Moustafa Bensafi dans lettre des neurosciences n°59.

Entrainement Olfactif


Aucun traitement spécifique n’existe à l’heure actuelle, même si quelques pistes médicamenteuses sont encourageantes (voir le webinaire du GCCR du 16/12/2020). Dans les autres cas d’anosmie ou d’hyposmie, la rééducation olfactive (entrainement) a montré des résultats positifs. Si elle ne fonctionne pas chez tous, elle permet souvent d’accélérer la récupération de l’odorat.

L’entrainement olfactif vise à stimuler les fonctions motrices (le sniff), sensorielles et cognitives. 

Plusieurs équipes en France ont mis à disposition des protocoles de rééducation, ils sont détaillés ci-dessous. Régularité, patience et persévérance sont les maîtres-mots de cette rééducation. 

Pour rééduquer votre odorat en autonomie :

  • Vous pouvez essayer de rééduquer votre odorat avec un entraînement olfactif. Vous trouverez ci-dessous des documents proposés par différents laboratoires pour réaliser cette rééducation chez vous en autonomie
  • Enfin, un certain nombre d’ORL proposent des consultations d’olfaction et sont impliqués dans ces protocoles de rééducation. Ils peuvent vous conseiller : n’hésitez pas à les contacter.